Mémoire d'outre-tombe
Onésime Grenier est né en 1902. Il a été à l’école jusqu’à la troisième année, mais il ne l'a pas complété, car il a dû commencer à travailler. Il s’est marié avec Irène Lauzon en 1924, la même année où son père, Onézime, est mort. Il ne savait ni écrire ni lire. Néanmoins, il savait compter! En effet, c’était un homme qui, malgré son éducation, était assez fortuné. Il était entrepreneur forestier. Il faisait du chantier, c'est-à-dire que pendant l'hiver, il engageait des hommes pour bûcher, transporter et couper le bois. Il engageait aussi des cuisiniers(ières) et des femmes pour servir aux tables et tout le nécessaire pour loger, nourrir et faire travailler des hommes qui venaient travailler au chantier. Effectivement, il construisait des dortoirs, une cuisine et une salle à manger sur chaque chantier afin d’accueillir les travailleurs.
(Meyers, s. d.)
« La Deuxième Guerre mondiale a été un événement déterminant dans l’histoire canadienne, transformant un pays tranquille en marge des affaires globales en un acteur crucial dans les luttes les plus importantes du XXe siècle. » (Stacey, 2013, paragr. 1)
Pendant cette guerre, Onésime engageait des hommes, dont ses frères et son fils, pour les empêcher d'aller à la guerre. À l'été, il les engageait pour travailler sur sa terre, soigner les chevaux, faire son agriculture et faire de l'entretien. Nombreux hommes mangeaient à sa résidence l'été, car il nourrissait les hommes engagés pour travailler sur sa terre. Il trouvait du travail à ses frères et à d'autres hommes du village. À l'automne, plusieurs hommes venaient à la maison d’Onésime afin de trouver du travail. Malheureusement, il ne pouvait pas engager tout le monde. Alors ils les engageaient aux yeux du gouvernement, mais en réalité les hommes ne travaillaient pas pour lui et lui redonnaient l’argent de leur soi-disant paie.
En effet, « le souvenir des pertes de vie, la lourde dette causée par la Première Guerre mondiale et les menaces qu'a fait peser la conscription sur l'unité nationale ne donnent ni à la population canadienne ni aux politiciens de toutes persuasions l'envie de revivre une autre expérience semblable. » (Stacey, 2013, paragr. 3) Donc, lorsque la conscription fut mise en place, les Canadiens français ne voulaient pas être mêlés à ce conflit, ils ne voulaient pas aller se faire tuer à la place des Canadiens anglais.
Heureusement pour Onésime et ses employés, « certaines personnes peuvent être exemptées du service militaire obligatoire. Il peut s'agir de personnes exerçant certaines professions ou souffrant d'une maladie ou d'un handicap physique ou mental. » (Granatstein et Jones, 2006, paragr. 2) Ajoutons « [qu’en] 1939, l'agriculture canadienne récupérait du pire de la Grande Crise économique de 1929. On disposait alors de quelques surplus de production, particulièrement de blé, pour les besoins de la guerre. C'est à ce moment que le gouvernement fédéral créa un Office du ravitaillement en produits agricoles pour répondre aux besoins alimentaires du Canada ainsi qu'aux commandes en provenance d'outre-mer. Cet office fut remplacé en mars 1943 par la plus puissante Commission des denrées agricoles, établie pour réunir toute la production en un seul et unique programme. En 1943, le Canada se vit attribuer un siège au sein de l'Allied Combined Food Board, en reconnaissance de sa gigantesque contribution à cet aspect vital de la guerre. Les Allemands s'étant rendus maîtres de l'Europe continentale, les Britanniques cherchèrent des denrées alimentaires de l'autre côté de l'Atlantique. Malgré le manque fréquent de navires et les U-boots allemands qui chassaient en meutes, près d'un milliard et demi de kilos de bacon, plus de 325 millions de kilos de fromage cheddar et de grandes quantités d'autres viandes et de beurre furent expédiés en Grande-Bretagne pendant la guerre. Les œufs entiers étaient transformés en poudre d'œuf et le lait était condensé, ce qui en facilitait le transport. Des usines de traitement au Canada déshydrataient, choux, carottes, oignons et pommes de terre. On était certes loin de la haute gastronomie, mais les Britanniques purent tenir bon grâce à cela dans une guerre dure où ils se trouvaient sur la ligne de front. » (Musée canadien de la guerre, s. d., paragr. 1 et 2) En somme, plus de 160 000 Canadiens français furent envoyés à la guerre de façon volontaire. (Musée canadien de la guerre, s. d., paragr. 1) Malgré qu’ils ne sont pas allés au front, ils ont quand même contribué à leur façon dans une guerre dans laquelle il ne voulait pas être impliqué.
(NASA, 2015)
De nombreuses années plus tard vient la course à la Lune, plus exactement le 20 juillet 1969, après quelques jours de voyage dans l'espace, à bord de leur véhicule spatial, les deux astronautes américains, Buzz Aldrin et Neil Armstrong marchent sur la lune. (Labrecque, 2019, paragr. 1) Cet exploit accompli en premier par les États-Unis est originairement une compétition entre les États-Unis et la Russie. (Varnoteaux, 2019, paragr. 1) En 1961, lors d’un discours du président américain John F. Kennedy, il annonce : « Nous avons choisi d'aller sur la Lune, non pas parce que c'est facile, mais justement parce que c'est difficile. » (Varnoteaux, 2019, paragr. 2) « Toute la nation américaine est mobilisée sur le plan politique, financier, humain ou industriel pour démontrer la supériorité du modèle américain sur celui des Soviétiques. »
« Le 16 juillet 1969, c’est le début de l’aventure pour l’équipage d’Apollo 11, composé de Neil Armstrong, Edwin «Buzz» Aldrin et Michael Collins. Les trois astronautes décollent de Cape Canaveral, en Floride, aux États-Unis. Quelques jours plus tard, le 20 juillet, le module lunaire se pose enfin sur la surface de la Lune et ouvre les écoutilles. À ce moment, on estime que 650 millions de personnes autour du monde ont les yeux rivés à l’écran de leur téléviseur pour capter en direct cette marche historique.
Neil Armstrong, le premier à fouler le sol lunaire, dira cette phrase devenue célèbre : « C’est un petit pas pour [un] homme, [mais] un bond de géant pour l’humanité ». Pour revivre ce grand moment, cliquez ici.
Lors de leur séjour, Neil Armstrong et Buzz Aldrin plantent un drapeau américain, laissent quelques traces de pas et des souvenirs (dont une plaque commémorative) et recueillent des échantillons de roches lunaires.
En tout, les deux astronautes passent 21 heures et 36 minutes à explorer la surface lunaire. Un exploit incroyable qui marque «le début d’une nouvelle ère», souligne Neil Armstrong lors d’une conférence de presse suivant leur voyage sur la Lune. » (Labrecque, 2019, paragr. 3 à 6)
Après avoir planté le drapeau américain, les deux astronautes se mirent sur la deuxième partie de leur mission, l’objectif scientifique. (Varnoteaux, 2019, paragr. 7 et 8) Ils mirent en place un dispositif collecteur de vent solaire et récupèrent 21,7 kg de roches lunaires. À la suite de leur retour sur les terres, les astronautes furent mis en quarantaine pendant 21 jours par précaution et les États-Unis, fiers, gagnèrent la course à la Lune. (Varnoteaux, 2019, paragr. 9) Le dispositif permit d’en apprendre davantage sur la distance entre la Terre et la Lune et les échantillons de roches lunaires nous démontrent qu’elles ont des composantes similaires, mais une histoire différente que la nôtre. De plus, « Les échantillons rapportés par Apollo 11 et les missions suivantes établirent avec une quasi-certitude l'hypothèse de l'impact de la Lune avec la Terre, ayant comme implication probable l'apparition de la vie. » (Varnoteaux, 2019, paragr. 10)
Toute la famille était chez Onésime et ils regardaient tous à la télévision Neil Armstrong et Buzz Aldrin, marcher sur la lune. Aux yeux de ses petits-enfants, la lune était tellement loin, c'était quelque chose de formidable pour eux de savoir que lorsqu'ils regarderaient la lune à l'avenir, ils pourraient se dire que des hommes étaient allés et avaient marché dessus. C'était vraiment impressionnant, un homme qui part de notre planète, qui vole jusqu'à la lune, qui marche dessus et en plus ils pouvaient voir le tout à la télévision.
Pour Onésime, c'était impossible que ça puisse se produire. Ayant été élevé dans la religion catholique et étant croyant, cet espace qui est le ciel était réservé aux âmes des personnes décédées, les Saints, les anges et Dieu. Il avait appris que si on faisait une bonne vie sur la terre, on irait au ciel sinon on allait en enfer, et ceux qui mouraient sans avoir été baptisés allaient dans les limbes pour l'éternité.
En effet, dès le début de la colonisation au Québec, les communautés religieuses se sont occupées de l’éducation, des soins médicaux et de la bienfaisance, en d’autres termes les services sociaux. (Charland et Moisan, 2014, p. 42) Après bien des années, cette façon de faire est restée et bien que les années passèrent et que les façons de faire évoluaient, le tout retomba lors de l’entrée en jeu du gouvernement de Maurice Duplessis de 1944 à 1959. (Charland et Moisan, 2014, p. 112) La religion catholique reste au cœur de l’identité canadienne-française. À cette époque, l’Église catholique est toujours responsable de ces domaines et « au nom de l’autonomie provinciale, Duplessis refuse les subventions fédérales aux universités, retardant ainsi la modernisation de l’éducation supérieure. » De ce fait, il n’est pas surprenant de voir que les gens y croyaient fermement puisque la religion étant omniprésente dans la vie des Canadiens français et que c’était l’Église qui les éduquaient…
Donc dans sa croyance religieuse, l'être humain, le mortel, ne pouvait avant de mourir accéder au ciel et tout ce que ce ciel comprenait : les autres planètes, la lune, les étoiles et le reste de l'univers. La religion lui avait appris que le paradis était le ciel. Si on retourne au début des années 1900, lorsque Onésime est né, la religion était omniprésente. Elle était aussi très puissante et les gens croyaient tout ce que la religion leur apprenait. Dans ces années-là, ils voyageaient en voiture à cheval. Onésime a connu au cours de sa vie, l'évolution des moyens de transport. Il est passé des voitures à chevaux à la voiture à moteur, à l'avion et aux fusées. Malgré le fait qu’il avait déjà pris l'avion, ce dernier moyen de transport, la fusée, était probablement de trop pour lui. Cette avancée technologique le dépassait. Lors de cet événement qui pour plusieurs était révolutionnaire, Onésime lui est allé chercher sa caméra pour filmer l'événement qu'il voyait à la télévision. Pour lui, ce qu’il voyait à la télévision était truqué…