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Mémoire vivante

Ma grand-mère maternelle, Pierrette Milord, est née en 1954. Elle fait partie de la génération des Baby-boomers et elle vécut de nombreux événements et périodes historiques que je n’ai pas vécus. (Merriam-Webster, s. d., paragr. 2) 

Montreal

(Wix, s. d.)

Expo 67

Premièrement, l’Expo 67, un événement culturel mondial. C'est « le sénateur québécois Mark Drouin [qui] lance l'idée de cette manifestation à Montréal pour en faire le pôle des célébrations du centième anniversaire du Canada. » (Lambert, 2006, paragr. 1)

 

« Le programme thématique se divise en cinq grands groupes : L'Homme et son génie créateur, L'Homme interroge l'Univers, L'Homme à l'œuvre, L'Homme et l'agriculture et L'Homme dans la cité. » (Lambert, 2006, paragr. 6) « Les pays qui acceptent de participer à Expo 67 construisent leur propre pavillon ou bien s'associent à d'autres pays dans des pavillons régionaux. Parmi eux, l'Union soviétique dépense environ 15 millions de dollars, la Tchécoslovaquie 10 millions de dollars et les États-Unis plus de 9 millions de dollars. La conception des pavillons est l'œuvre des plus grands architectes du monde. L'ensemble est varié, et certains pavillons sont à couper le souffle. » (Lambert, 2006, paragr. 7)  « Expo 67 encourage aussi la participation du secteur privé et de divers groupes. Ainsi, sept églises chrétiennes se réunissent pour présenter le pavillon Chrétien. Figurent aussi dans cette dernière catégorie les pavillons de l'Association canadienne pour les Nations Unies, de la Communauté économique européenne, du Judaïsme, parrainé par la communauté juive du Canada, et de la Jeunesse. » (Lambert, 2006, paragr. 7) 

 

« En tout, 120 gouvernements répartis dans 60 pavillons sont représentés à l'Expo 67. Des milliers d'exposants et de commanditaires privés sont présents dans les 53 pavillons commerciaux ou les différentes installations du site. Le site avait été conçu pour accueillir 26 millions de visiteurs en 183 jours. En fin de compte, il se vend plus de 50 millions de billets d'entrée entre le 28 avril et le 27 octobre, et il faut ajouter à ce chiffre les 5 millions d'entrées accordées aux artistes, à la presse, aux dignitaires et aux employés. L'organisation et la tenue d'Expo 67 coûtent 283 millions de dollars au Canada, au Québec et à Montréal. Selon des études indépendantes, les retombées dont ont bénéficié les contribuables des gouvernements fédéral, provincial et municipal équivalent à près de deux fois ce montant. Ainsi, d'après les calculs, les recettes touristiques directement attribuables à Expo 67 auraient augmenté de 480 millions de dollars. » (Lambert, 2006, paragr. 9)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Du point de vue de ma grand-mère, cet événement culturel était formidable, c’était une ouverture sur le monde qu’elle n’aurait pu rêver de voir un jour. À vrai dire, l’Expo 67 lui a permis de visiter plusieurs pays, de découvrir le monde et de voir des gens de partout, de couleurs et de nationalités différentes! Lors de l’Expo 67, elle était âgée de 13 ans et ses parents lui avaient permis d’y aller accompagnée d’une amie. Déjà à ce moment, elle se sentait comme une grande. Elles ont donc pris l’autobus pour se rendre à la station de métro Henri-Bourassa, d'où elles ont pris la ligne verte jusqu’à Berri de Montigny, une station où tout se reliait. C’est de cette station que la ligne se rendait à Terre des hommes, c’est-à-dire à l’Expo 67. 

 

En rentrant à l’Expo 67, la première chose que les visiteurs avaient sous les yeux c’était le pavillon des États-Unis, qui est encore aujourd’hui présent et connu sous le nom de la Biosphère. Ensuite, avec son passeport en main, elles pouvaient commencer à explorer! Il fallait avoir un passeport pour pouvoir rentrer dans les pavillons. Chaque pays mettait un tampon dans le passeport des voyageurs, cela signifiait qu’ils étaient rentrés dans le pays. Elle voyageait sans prendre d'avion et c’était hallucinant. Lors de cet événement, les lieux étaient remplis de visiteurs, mais aussi d'hôtesses  afin d’aider ces derniers. Il y avait les hôtesses de l’Expo 67 habillées en bleu et les pavillon national et privé avait leur propre hôtesse et leur propre costume.(Radio-Canada, 1976, 2:20) 

 

 

 

 

Pour voyager à l’intérieur de l’Expo 67, il y avait l’Expo Express qui était un train  très rapide et silencieux pour l’époque, celui-ci servait à voyager d’une île à une autre. Aussi, il y avait le monorail qui permettait de se déplacer d’un pavillon à l’autre.

 

 

 

 

 

 

Ajoutons, la Ronde! C'est ce que ma grand-mère se rappelle le plus. Elle me raconte avoir adoré le manège la Pitoune et Gyrotron.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Elle se souvient avoir visité quelques pavillons tels que celui des Premières Nations, de la Thaïlande. Le pavillon de la France qui est de nos jours le Casino de Montréal. (Dupuis, 2013, paragr. 7) Le pavillon du Kaléidoscope qui exposait une exposition nommée L’Homme et la couleur. (Worldfairs, s. d., paragr. 1) Le pavillon Alcan dans lequel, il y avait des spectacles aquatiques. (Worldfairs, s. d., paragr. 1) Le pavillon des États-Unis dont le monorail passait à l’intérieur. Celui du Canada, mais elle trouvait que c’était le moins intéressant puisqu’il n'affichait pas de nouveaux horizons! Aussi, le pavillon des Nations-Unies et le pavillon de l’Association du téléphone.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En plus, avant l’Expo 67, il y avait un concours ouvert à tous pour trouver la chanson thème. Un de ses chanteurs préférés, Marc Gélinas, s’est rendu en finale, mais a malheureusement perdu contre Stéphane Venne avec la chanson « Un jour, un jour ».

Pavillon des États-Unis

Pavillon des États-Unis

(Techer, s. d.)

USSR Pavilion

USSR Pavilion

(Expo 67, 1967)

Pavillon du Canada

Pavillon du Canada

(Expo 67, 1967)

Pavillon de la France

Pavillon de la France

(Expo 67, 1967)

Pavillon de l'Allemagne

Pavillon de l'Allemagne

(Expo 67, 1967)

Pavillon des Premières Nations

Pavillon des Premières Nations

(Expo 67, 1967)

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(LaRoche, s. d.)

Un jour, un jourStéphane Venne
00:00 / 02:10

(Journal de Montréal, s. d.)

Expo 67

Album

Suite à sa visite à l'Expo 67, ma grand-mère, Pierrette, a fait un album souvenir, il lui manque seulement son passeport malheureusement.

Témoignage

Le métro de Montréal a été construit pour accueillir les gens qui viendraient de partout dans le monde pour l'Expo 1967. C'est Jean Drapeau qui était le maire de Montréal et qui a réalisé le métro et l'Expo 1967.  C'est aussi à lui que l'on doit la réalisation des Jeux olympiques de 1976,  la Place des arts en 1963. Les gens disaient qu'il avait des idées de grandeur et qu'on allait payer cher de taxes pour toutes ces idées. Cependant, c'est à cause de lui que Montréal a été mise sur la carte mondiale.

Il a fait agrandir l’île Sainte-Hélène, fabriquer l'île Notre-Dame pour pouvoir y mettre tous les pavillons des différents pays et les manèges. Je ne me rappelle pas combien il y avait de pavillons, mais je me rappelle que l'on voyait les travaux de construction à la télévision. C'était gigantesque. Il y a fallu des milliers de tonnes de remblais pour fabriquer l'île Notre-Dame et agrandir l'Île Sainte-Hélène. Ils ont dragué le fleuve Saint-Laurent pour une partie du remblai.

Dans les pavillons on pouvait goûter à différents mets typiques des pays et pouvait les voir habillés avec des costumes traditionnels de chaque pays.  On pouvait aussi voir leur artisanat, les réalisations artistiques et culturelles et autres. On pouvait assister à des spectacles de danse et de chants de ces pays. Ça pouvait être à l'intérieur des pavillons comme à l'extérieur. C'était gratuit.

Les États-Unis s'étaient démarqués et avaient beaucoup fait parler d'eux, avec leur pavillon en forme de sphère.

 

À la fin de l'Expo plusieurs pays ont démantelé leur pavillon, d'autres l'ont laissé à la ville de Montréal comme la France et les États-Unis. Par contre d'autres pays ont continué leur activités à l'été 1968. Jean-Marc [mon grand-père] y est allé cet été-là. Il est allé visiter le pavillon de la Tunisie, la Turquie, la France et des États-Unis. Dans celui de la Turquie, les gens étaient habillés avec les costumes traditionnels et Jean-Marc se rappelle qu'ils portaient un chapeau rond et plat. Dans le pavillon, il y avait des artisans qui fabriquaient des tapis de Turquie et il y en avait qui était exposé. Il est aussi allé dans le pavillon de la Tunisie où le mari de sa sœur, Rached, travaillait comme comptable.

Sur l'île Sainte-Hélène il y avait place à des manèges. Ce secteur s'appelait La Ronde. Tant qu'à moi je me rappelle principalement de mon expérience en Pitoune.  C'était une glissade d'eau que l'on descendait dans une pitoune de bois reconstituée. J'ai eu beaucoup de plaisir. C'est ce qui m'a marqué le plus de ce qu'il y avait à l'Expo 67. Je me rappelle aussi que c'était ma première expérience en métro. C'était impressionnant, on était dans des trains sous terre. C'était rapide. Entre chaque station, on ne voyait que des murs noirs de chaque côté des wagons. Quelques fois, on rencontrait un métro en sens inverse, alors là pour quelques secondes, la noirceur à l'extérieur  se transformait en wagons très éclairés avec des gens à l'intérieur et à grande vitesse. Tout ça était très impressionnant pour une fille qui n'avait pas l'habitude de prendre l'autobus souvent, car j'allais à l'école à pied et tous mes loisirs étaient proche de chez moi. 

Pour se rendre à l'Expo, mon amie et moi avions pris l'autobus # 69  sur le boulevard Henri-Bourassa au coin de Lacordaire pour nous rendre à la station de métro Henri-Bourassa. Là, nous prenions le métro et devions transférer à la station Berri-de-Montigny, maintenant Berri-UQAM pour ensuite prendre celui qui nous menait à l'île Sainte-Hélène. C'était à la station Berri-de-Montigny que se retrouvait la rencontre de 3 lignes de métro, celle de Henri-Bourassa, Atwater et Berri-de-Montigny. Chacune était identifiée par un code de couleur. La ligne de Henri-Bourassa était verte. La ligne de métro qui se rendait à l'Expo se terminait à l'Expo. Maintenant, elle se rend à Longueuil.

(Pierrette Milord et Ève Laprise, communication personnelle, 21 mars 2022)

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(Radio Canada, 1970)

Crise d'Octobre

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(Bibliothèque et Archives Canada, 1970)

Deuxièmement, la Crise d’Octobre ayant lieu en 1970, est une série d’événements qui commença avec « l'enlèvement du diplomate britannique James Richard Cross par la cellule «Libération» du Front de libération du Québec (FLQ).» (Université de Sherbrooke, s. d., paragr. 1)

Du côté de ma grand-mère, quand James Richard Cross s’est fait enlever, elle était bouche bée. Ça semblait tellement irréaliste qu’un événement comme celui-ci se produise ici, à Montréal. C’est au moment où la Loi sur les mesures de guerre fut mise en place par le premier ministre, Pierre Elliott Trudeau et en voyant plein de soldats en ville qu’elle a réalisé que c’était vraiment réel et que c’était sérieux. (Cooper et McIntosh, 2013, paragr. 1)

Les soldats avec leur fusil étaient en garde-à-vous devant une bâtisse qui était sur le chemin que ma grand-mère parcourait pour aller au cégep qui était sur la rue Saint-Hubert. C’était inquiétant et l'inquiétude était présente à tous les jours… 

« Et  s'il y a un fou qui arrive et qui fait quelque chose, on va tous se faire tirer. L’armée va-t-elle tirer? »

Durant la crise, ma grand-mère avait 16 ans et ne s’y connaissait pas vraiment en politique, et à cause de ces événements, elle pensait que le FLQ et le PQ (Parti Québécois) étaient les mêmes. Les gens qui appuyaient le PQ ou l’indépendance du Québec se faisaient arrêter comme Pauline Julien, une artiste que Pierrette aimait bien. À la suite de l’arrestation inexpliquée de Pauline Julien, ma grand-mère ne pouvait pas y croire. Selon elle, ils arrêtaient des gens célèbres afin de montrer l’exemple.

 

L’armée se promenait dans les zones plus achalandées comme le métro à la station Henri-Bourassa, c’était très impressionnant de voir l’armée dans son milieu de vie. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

James Richard Cross fut détenu proche d’un parc où elle allait. C’était bizarre pour elle de penser que quelqu’un était séquestré proche de soi. Donc, cette peur d’être en danger et de se faire tirer était maintenant bien justifiée puisque ça pouvait arriver partout.

Suite à la crise d’Octobre, le PQ a pris de l'ampleur, les indépendantistes sont devenus plus féroce à cause de la Loi des mesures de guerres et des arrestations inutiles faite par le gouvernement canadien. D’après elle, ces événements ont donné une visibilité au Parti Québécois et leur a permis de rentrer au pouvoir en 1975.

Sans oublier Pierre Elliott Trudeau, elle ne l’aimait pas, il était baveux et arrogant. La phrase iconique de Pierre Elliott Trudeau « Just watch me! » reflète bien sa personnalité. « Il se disait québécois, mais il ne faisait pas grand-chose pour le Québec »  Pour elle, c’est un faux québécois, il les trahissait et la goutte qui a fait déborder le vase est venu avec l’Accord du Lac Meech, un coup bas incroyable. Bien évidemment, en tant que premier ministre, son travail est de se soucier du Canada, pas seulement du Québec, mais tout de même…

 

 

 

 

 

 

 

 

« Le FLQ comme la Révolution tranquille ont pris naissance à la suite aux années de la Grande Noirceur. Le FLQ ne s'est tout simplement pas pris de la bonne façon. Nous voulions sortir du contrôle que l'Église catholique exerçait sur le peuple francophone. Les anglophones n'étaient pas catholiques, mais protestants. En tant que société, nous voulions nous sortir de l'emprise des anglophones dans le secteur économique. Les anglophones, eux, n'avaient pas de grosses familles donc avaient l'argent pour faire éduquer leurs enfants. De cette façon ils pouvaient accéder à des postes supérieurs. Le contrôle de l'Église sur les femmes consistait en: avoir beaucoup d'enfants,  être soumise à l'homme, à son père lorsqu'elle était fille et à son mari après son mariage et ne pas refuser les avances de son mari.  Elle ne pouvait pas aller travailler, car elle devait rester à la maison pour s'occuper des enfants.  Dans le domaine de l'éducation, la femme ne pouvait pas faire des études. Elle devait apprendre toutes les besognes qu'elle aura à faire après le mariage et elle devait aider sa mère qui avait beaucoup à faire à la maison.

 

Donc, le rôle de la femme était de servir l'homme. Voilà le pourquoi de la naissance du féminisme. La Révolution tranquille a permis à la femme de s'émanciper, d'étudier dans le domaine qu'elle voulait. Alors, elle pouvait se sortir de cet esclavage et se rendre où elle est rendue aujourd’hui. Il y en a eu de grands pas pour faire tout ça. Ça n'a pas été facile et il y a encore du chemin à faire. Le féminisme est né d'un écœurement face à l'Église et à la société menée par des hommes qui la tenaient dans l'ignorance et l'esclavage.

 

La Révolution tranquille par le début de l'éducation laïque et gratuite à tous, a aussi permis aux garçons comme aux filles de pouvoir étudier et accéder à des échelons plus élevés que simple ouvriers. Le Canadien français pouvait aspirer à un avenir meilleur. C'est pourquoi l'autre jour, je t'ai dit que j'avais voté pour le PQ et oui au référendum. C'était pour continuer la bataille des femmes et d'une société plus égalitaire. Le PQ avait un idéal plus près de mes valeurs. Parler français au Québec, que le français soit la langue de travail au Québec et que l'on puisse se diriger nous-même avec nos valeurs à nous. C'était aussi que le Québécois français était capable d'être grand lui aussi. » (Pierrette Milord et Ève Laprise, communication personnelle, 21 mars 2022)

Crise d'Octobre

La Révolution tranquille

Les religieuses qui voulaient, pouvaient abandonner le voile et la tunique longue pour un costume civil. Ce costume était sans voile , avec une jupe au genou et veston. Elles pouvaient laisser le couvent pour aller vivre à plusieurs dans un appartement. Celle que j'ai connue vivait avec 3 autres religieuses. Elles disaient que la relation et la communication avec les gens seraient plus faciles. C'était vrai, car avec la tunique et le voile, c'était intimidant. La communication était difficile et même que pour ma part, il n'y en avait pas, j'avais un sentiment d'infériorité. Lorsqu’elles ont changé de costume, elles sont devenues plus accessibles. Elles étaient des personnes comme les autres avec des sentiments, on pouvait avoir des sujets de conversation autre que de l'Église.

 

Au primaire, physiquement, l'école était divisée en deux. Il y avait 2 cours de récréation séparées par une clôture. Les garçons d'un côté et les filles de l'autre. Le primaire était de la 1re à la 7e année. Plus tard, le gouvernement a enlevé la 7e et mis la maternelle. Lorsque je suis entrée au secondaire, 8e année, les garçons et les filles étaient encore séparés. Arrivée en 9e année, c'était le début des polyvalentes. Là, à l'intérieur, l'école était encore physiquement séparée en deux, mais la cour d'école était mixte, et ce jusqu'à la fin de mon secondaire. Ce n'est qu'au cégep que les classes étaient mixtes.

 

Au primaire, la religion et l'éducation allaient de pair, même si mes professeurs étaient laïques. Pendant les trois premières années de son primaire, Jean-Marc a, quant à lui, eu des religieuses comme professeurs. Il y avait des cours de religion dans lesquels on nous préparait pour les sacrements: première communion, confirmation et communion solennelle. Cette dernière se faisait en 7e année et c'était pour confirmer le baptême qu'on avait eu à la naissance. Nous étions assez vieilles pour choisir et dire que l'on voulait rester dans la religion catholique et que l'on était d'accord d'avoir été baptisé.

 

Il y a eu aussi les garçons qui se laissaient pousser les cheveux. Je me rappelle lorsqu'on a vu les Beatles pour la première fois à la télévision, mon père a trouvé ça bien épouvantable, il a dit ''Mais où est-ce qu'on s'en va?''. Et pourtant quand je les revois, à cette époque, ils n'avaient pas les cheveux si longs que ça.

 

Les filles ont commencé à porter la mini-jupe et même la microjupe un peu plus tard. C'était vu comme étant très osé et pas acceptable selon la religion.

 

Il y a eu le Woodstock pop festival en 1969 aux États-Unis. Il y a eu plusieurs spectacles de chanteurs et chanteuses bien connus. Ils attendaient 50,000 personnes et en ont eu 500,000 milles. On prônait l'amour libre. Les gens campaient sur le site, faisaient l'amour devant tout le monde, il y avait drogue et boisson. Ça m'a paru comme une orgie.

 

Les femmes ont commencé à s'affirmer. Le mouvement féministe commence à prendre de l'ampleur. On ne veut pas rester soumises à l'homme et être inférieures à lui.

 

La Révolution tranquille dans le système de la santé au Québec, on le doit à Jean Lesage, premier ministre du Québec en 1960. À l'époque, le gouvernement fédéral avait des pouvoirs sur le système de santé des provinces. Jean Lesage disait « au Québec nous voulons être maîtres chez nous ». Il voulait rapatrier les pouvoirs du fédéral au Québec en matière de santé. En 1961, le gouvernement fédéral a instauré l'assurance hospitalisation. Désormais, les Canadiens et Canadiennes n'ont plus à payer pour une chambre à l'hôpital et les soins qui y sont prodigués. Le fédéral payait la moitié de ce que ça coûtait aux provinces. Le Québec a adhéré à cette loi. Donc les Québécois, à partir de 1961, n'avaient plus à payer lorsqu'ils avaient besoin d'être hospitalisés. Dans les années qui ont suivi, Jean Lesage a instauré l'assistance médicale qui couvrait le coût de tous les soins médicaux et chirurgicaux. C'était seulement pour les assistés sociaux, les mères nécessiteuses, les invalides ainsi que les personnes à leurs charges. Pour ces gens l'assurance hospitalisation et l'assistance médicale ont changé leur vie. C'était un gros soulagement.

 

Avant ces lois, lorsqu’un Québécois tombait malade, il devait s'endetter pour payer les frais de médecin, d' hôpitaux et autres soins. Les moins nantis qui avaient peine à subvenir à leurs besoins, en plus de ne pouvoir travailler, car ils étaient malades, ils ne recevaient pas de salaire, car l'« assurance chômage » n'existait pas et devait payer les soins médicaux... Si on additionne la perte de salaire, les frais de médecin, d'hôpitaux et autres ainsi que les coûts pour subvenir aux besoins familiaux, une personne devait s'endetter pour payer tout ça. Il pouvait en avoir pour des années à payer ses dettes. Des gens mouraient, car ils n'avaient pas les moyens de se faire soigner.

 

Avant les années 60, les hôpitaux comme l'éducation étaient gérés par des religieux pour les francophones catholiques et des privés pour les anglophones protestants. Je me souviens que mon père m'a raconté que lorsque ma mère a accouché de mon frère Benoît en 1958, à l'arrivée à l'hôpital, la religieuse a demandé à mon père de payer immédiatement pour le coût  de l'accouchement et de l’hospitalisation. Mon père n’avait pas l'argent sur lui. La religieuse a refusé d'accepter maman comme patiente. Mon père a insisté en lui disant qu'il reviendrait sûrement pour voir maman et le bébé et qu'à ce moment-là il apporterait l'argent. La religieuse a finalement accepté. C'est comme ça que ça se passait et c'est pourquoi je te dis que des gens mouraient, car ils n'avaient pas les moyens de se faire soigner.

 

En même temps que cela se passait, la commission Castonguay, mise sur pied par Jean Lesage, étudiait comment faire pour instaurer une assurance maladie qui incorporerait le coût des médecins, des médicaments, des hôpitaux et divers pratiquants dans le domaine de la santé, et ce pour tous les Québécois et Québécoises. Les travaux de cette commission ont abouti en 1970 au régime d'assurance maladie du Québec, RAMQ. La carte d'assurance maladie est née, on l'appelait la carte soleil ou la castonguette en l'honneur de M. Castonguay qui en est l'instigateur.

 

C'en était fini pour l'endettement en raison de maladie.

 

Le gouvernement du Québec a pris en charge les hôpitaux. Des civils ont commencé à y travailler. Les infirmières qui étaient des religieuses ont continué à travailler, des infirmières laïques sont entrées dans les hôpitaux. La même chose pour toutes les professions qu'on peut retrouver dans un hôpital. Les infirmières étudiaient à même l'hôpital. Elles y avaient des cours théoriques et pratiques, elles y étaient aussi logées.

 

Ce changement a aidé à l'affirmation de la femme. Elle a pu travailler et commencer à  avoir une  certaine indépendance. Elle a pu commencer à étudier dans des domaines jusqu'à ce jour réservés aux hommes.

(Pierrette Milord et Ève Laprise, communication personnelle, 21 mars 2022)

Révolution tranquille
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